Pourquoi envisager de passer du message instantané à la lettre papier
Quand la rapidité perd le sens
Chaque jour, ce sont plus de 23 milliards de SMS qui s’échangent dans le monde, selon une estimation récente. Cette profusion de messages instantanés a largement contribué à faire circuler l’information rapidement, que ce soit pour annoncer un retard ou pour partager une nouvelle urgente. Toutefois, à force de privilégier la communication éclair, on en oublie parfois la valeur du mot écrit. Les formules rétrécissent, les abréviations fleurissent, et la ponctuation devient sommaire.
Par conséquent, la qualité des échanges se retrouve souvent en recul. Certes, un SMS peut rassurer immédiatement : « Je suis arrivé(e) », ou « Tout va bien ». Mais quand il s’agit de transmettre une émotion profonde, de remercier une personne ou de manifester un attachement sincère, la lettre physique permet de développer un discours plus riche.
La vitesse, si précieuse dans nos emplois du temps serrés, devient ainsi une arme à double tranchant. Elle nous permet de communiquer beaucoup, mais parfois sans profondeur. Donner un sens à nos mots, en prenant le temps de la réflexion et de la rédaction, est précisément ce qui justifie le retour de la lettre physique. En s’installant dans un moment calme, on déconnecte de l’agitation ambiante, pour mieux s’adresser à son interlocuteur.
La lettre : un rituel qui rassure
Loin du « tap-tap » frénétique sur l’écran tactile, la lettre s’appréhende comme un petit rituel. On sélectionne un papier agréable au toucher, on sort un stylo choisi avec soin, ou on ouvre un logiciel de traitement de texte qui permet une mise en page harmonieuse. Cette mise en condition crée un climat rassurant, où l’on se sent autorisé à poser des idées plus longues, parfois des confidences ou des souhaits que l’on n’aurait pas osé partager dans un simple SMS.
Ce rituel trouve aussi sa force dans la matérialité de la lettre. Un courrier physique, c’est un objet que l’on peut relire, conserver précieusement dans un tiroir ou punaiser sur un panneau de liège. Quand on reçoit un texte sur un téléphone, on le parcourt souvent en diagonale, puis on passe à autre chose. Le courrier, lui, nous accompagne plus longtemps et se grave peu à peu dans nos souvenirs.
De plus, la lettrine – ou la « patte » graphique qu’on lui apporte – fait déjà partie du message. Qu’il s’agisse de votre écriture manuscrite ou de la police choisie si vous optez pour un document imprimé, la forme même de la lettre devient un prolongement de votre personnalité. Ce rapport plus tangible fait de la lettre, non pas un simple texte, mais une part de vous qui se déplace dans les mains de l’autre jusqu’à sa boîte aux lettres.